Le diabète résulte d’une anomalie touchant le fonctionnement d’une hormone appelée l’insuline. Produite par le pancréas, l’insuline permet au glucose (sucre) contenu dans les aliments d’être utilisé par les cellules du corps humain. Si l’insuline est produite en quantité insuffisante ou si elle ne remplit pas son rôle adéquatement, comme c’est le cas dans le diabète, ce glucose ne peut pas alimenter correctement les cellules. Il s’accumule alors dans le sang et est ensuite déversé dans l’urine.

Les différents types de diabète

Il existe quatre types de diabète :

– Le diabète de type I, autrefois dit diabète « sucré », est le diabète insulinodépendant qui se déclare le plus souvent brutalement chez des sujets jeunes (en général avant l’âge de 20 ans) avec une destruction progressive des cellules sécrétrices d’insuline du pancréas (cellules bêta des îlots de Langerhans). Il s’agit souvent d’une réaction immunitaire trop forte à la suite d’une infection parfois banale (rhino-pharyngite, angine ou gastro-entérite passagère…). Les cellules bêta du pancréas s’« autodétruisent » irrémédiablement. Le traitement, qui est un traitement à vie, passe par des injections pluriquotidiennes d’insuline.

– Le diabète de type II, naguère appelé diabète « gras » ou diabète de l’adulte car il apparaît à l’âge mûr, survient en général après la quarantaine. Il représente la maladie du mode de vie occidental car il résulte d’une trop grande consommation de sucre alimentaire.

– Le diabète gestationnel apparaît chez certaines femmes enceintes et résulte de la production d’hormones liée à la grossesse. Il disparaît après l’accouchement et n’a pas d’impact sur le fœtus, en dehors d’un poids de naissance supérieur à la moyenne. Un bébé de quatre kilos signe la présence d’un prédiabète passé inaperçu.

– Le diabète Mody (Maturity Onset Diabetes in the Young) a été identifié voici une dizaine d’années par le Pr Philippe Froguel, il s’agit d’une forme de diabète de type II qui se déclare avant l’âge de vingt-cinq ans (parfois dès la naissance).

Une affection incurable

En l’état actuel des connaissances médicales, il n’existe aucun traitement curatif du diabète de type II : diabétique on est et diabétique on demeurera à vie, sans espoir de guérison possible. Tout au plus peut-on, grâce à des mesures hygiéno-diététiques et/ou un traitement médicamenteux, prévenir la survenue de complications cardio-vasculaires et neurologiques. Car un diabète de type II non soigné ou mal soigné entraîne inévitablement à plus ou moins longue échéance des complications extrêmement sérieuses.

Le diabète en chiffres

Selon les résultats cumulés d’études réalisées entre 1980 et 2008 sur plus de 2,7 millions de personnes dans 199 pays, la prévalence du diabète de type II s’élevait en 2008 à 9,8 % chez les hommes et 9,2 % chez les femmes (contre respectivement 8,3 % et 7,5 % en 1980). On observe un pic de progression en Océanie (qui compte 15,5 % de diabétiques chez les hommes et 15,9 % chez les femmes) lié au passage brutal d’une alimentation riche en poisson et en légumes à une alimentation de type occidental, en particulier chez les Maoris, et une progression supérieure à la moyenne en Amérique du Sud et Centrale, aux Caraïbes, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ces chiffres sont cohérents avec la véritable épidémie de surpoids et d’obésité qui déferle sur la planète : plus de 50 %, voire 66 % selon certaines sources, de la population mondiale serait en effet en surpoids ou obèse. D’après la dernière enquête nationale trisannuelle Obépi-Roche, 15 % des adultes français seraient aujourd’hui obèses, ce qui représente près du double des chiffres de 1997, et 32,3 % en surpoids. Et même si les résultats de 2012 indiquent un tassement de cette progression, les habitants de l’hexagone ont en moyenne pris 3,6 kg et 5,3 cm de tour de taille (qui s’établit désormais à 90,5 cm) au cours des quinze dernières années. Cette tendance à la hausse se révèle tout particulièrement marquée chez les 18-24 ans (+35 % !) et au sein de cette tranche d’âge, on n’observe aucun ralentissement de l’épidémie.

Le diabète de type II quant à lui touche aujourd’hui près de 250 millions de personnes (soit 6 % de la population mondiale) et 3,5 à 4 millions de Français, dont vraisemblablement entre 500 000 et 1 million de diabétiques qui s’ignorent. Si l’on en croit les prévisions de la Fédération Internationale du Diabète (IDF), sa prévalence devrait s’accroître de 55 % d’ici à 2025, aussi bien dans les pays développés que dans les pays nouvellement industrialisés comme l’Inde, la Chine ou les États du Golfe. Et ce mal apparaît à un âge de plus en plus précoce, y compris chez les moins de 15 ans, où il progresse à un rythme annuel de 3 %.

C’est dire que le diabète de type II est sans nul doute la pandémie de notre époque. Il touche chaque année davantage de nos contemporains et se classera certainement dans vingt ans au premier rang des maladies humaines (les projections établies par l’OMS évoquent 300 millions de diabétiques en 2025).

Cette pandémie diabétique coûterait au niveau mondial 340 milliards d’euros par an et pèserait en moyenne pour 5 à 10 % dans le budget santé des pays industrialisés.

Un mal silencieux

Le diabète de type II s’installe fréquemment sans symptôme flagrant. On estime ainsi que sur les 3,5 à 4 millions de Français prédiabétiques, 500 000 à 1 million souffrent déjà à leur insu de diabète. Une personne à risque sur quatre n’a jamais mesuré sa glycémie et bien souvent le diabète n’est décelé qu’au moment où ses complications obligent à consulter… Seule bonne nouvelle, comme il s’agit d’une maladie chronique à évolution relativement lente, on ne devient pas diabétique de type II du jour au lendemain, ni même en un an. On passe toujours auparavant par une phase de prédiabète qui peut durer de deux à vingt-cinq ans. Et au cours de cette phase, il est encore possible d’agir pour stopper l’évolution vers le diabète de type II.