La France compterait actuellement entre 3,5 et 4 millions de prédiabétiques, soit 5,5 % de la population, dont vraisemblablement entre 500 000 et 1 million de diabétiques de type II qui s’ignorent. Soixante-dix-neuf millions d’Américains sont prédiabétiques, dont 70 % développeront tôt ou tard un diabète de type II. Et même si cette pandémie est sans nul doute liée au mode de vie occidental moderne, elle touche cependant presque tous les pays. En fait, si rien ne change, le diabète figurera dans vingt ans au premier rang des maladies humaines (selon les projections établies par l’OMS, la Terre pourrait compter quelque 300 millions de diabétiques en 2025). La Fédération Internationale du Diabète (IDF) estime que la prévalence de cette affection métabolique devrait augmenter de 55 % d’ici à 2025 dans les pays industrialisés mais aussi dans les pays émergents tels que l’Inde, la Chine ou les États du Golfe.

Du gout du sucre au diabète de type II : bref rappel

Dès que nous consommons un aliment à indice glycémique élevé, notre taux de glucose sanguin s’élève, ce qui déclenche la sécrétion d’insuline par le pancréas afin de ramener la glycémie (taux de glucose sanguin) à la normale. Si nous abusons des mets sucrés, ces mécanismes régulateurs trop sollicités se fatiguent et l’intolérance au glucose s’installe. Le foie, les muscles, les adipocytes et toutes les cellules qui interviennent dans l’absorption du glucose sanguin deviennent peu à peu résistantes à l’insuline, ce qui conduit à l’insulino-résistance. En conséquence, le corps doit produire de plus grosses quantités d’insuline pour maintenir un niveau normal de glucose sanguin. On peu alors parler de prédiabète, niveau intermédiaire entre une régulation normale du glucose et un diabète de type II établi. À terme, les cellules bêta productrices d’insuline du pancréas (îlots de Langerhans) s’épuisent et on observe une dégénérescence, puis une destruction des cellules bêta. Lorsque le pancréas n’est plus en mesure de compenser la sensibilité émoussée des cellules à l’insuline, le diabète de type II apparaît.

Le surpoids et l’obésité font le lit du diabète de type II

Quand on mange trop, en particulier des aliments à indice glycémique élevé – mais qui se gave de brocolis vapeur ? –, conduit presque inévitablement au prédiabète. Et le prédiabète constitue l’ultime étape avant le diabète de type II. Si pour un sujet normal le risque de développer un diabète de type II est de 0,7 % par an, il grimpe à 5 à 10% par an chez un prédiabétique … et devient une quasi-certitude si l’on ne modifie pas son alimentation et son hygiène de vie.

Plus de 50 % (et jusqu’à 66 % selon certaines sources) de l’humanité est en surpoids ou obèse, la prévalence de l’obésité variant de 7 % en Asie à 36 % au Canada (voir L’épidémie de surpoids et d’obésité). On observe les taux de progression les plus alarmants dans les nouveaux pays émergents, que l’on appelle aussi les BRICs (Brésil, Russie, Inde et Chine). En Chine, par exemple, un quart de la population est en surpoids et l’Empire du Milieu compterait 90 millions d’obèses ; au Mexique, l’obésité touche 30 % de la population et 70 % des adultes sont en surpoids.

Pour la première fois de l’histoire, les trop nourris sont plus nombreux que les mal-nourris (1,6 milliard d’adultes en surpoids, dont 500 millions cliniquement obèses, contre “seulement” un milliard d’affamés). De ce fait, le surpoids et l’obésité sont désormais responsables de davantage de décès que la faim…

Le diabète de type II augmente dans le monde entier

Le diabète de type II quant à lui touche aujourd’hui près de 250 millions de personnes (soit 6 % de la population mondiale). D’après les résultats cumulés d’études réalisées sur plus de 2,7 millions de personnes dans 199 pays, entre 1980 et 2008, la prévalence du diabète de type II s’élevait en 2008 à 9,8 % chez les hommes et 9,2 % chez les femmes contre respectivement 8,3 % et 7,5 % en 1980. Un pic de progression a pu être observé en Océanie (avec 15,5 % de diabétiques chez les hommes et 15,9 % chez les femmes) lié au passage brutal, en particulier chez les Maoris, d’une alimentation riche en poisson et en légumes à une alimentation de type occidental, et une progression supérieure à la moyenne en Amérique du Sud et Centrale, aux Caraïbes, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le diabète de type II apparaît en outre à un âge de plus en plus précoce, y compris chez les moins de 15 ans, où il progresse à un rythme annuel de 3 %.