Atlantico : La consommation de soda dit “light”, c’est-à-dire dans lesquels l’aspartame a remplacé le sucre, n’engendre à priori que peu de risques de cancer. Pour autant, il apparaît difficile de recommander leur consommation… Quels sont les principaux risques pour la santé que ces derniers sont susceptibles de poser, au juste ?


Réginald Allouche :
 Rappelons d’abord que les sodas lights ne contiennent pas nécessairement que de l’aspartame. Certains peuvent aussi comporter de acésulfame de potassium, du Sucralose ou du maltitol, trois autres édulcorants qui peuvent être utilisés dans leur composition. La plupart des fabricants tendent d’ailleurs à mélanger les édulcorants.Du reste, il faut bien rappeler que les édulcorants ne présentent pas de toxicité déclarée, sauf à très haute dose. Il y a eu des expérimentations très controversées sur les liens entre le cancer et l’aspartame mais ces dernières ont été par la suite infirmées à l’aide de contre-expertise. Sauf à faire preuve d’une énorme consommation (c’est-à-dire des litres par jour, comme cela a pu être le cas de certains soldats américains au cours de conflit), il n’y a donc pas de risques particulièrement notables.Bien sûr, il faut tout de même attirer l’attention sur certains points importants : l’aspartame, quand il est chauffé (parce qu’abandonnée des heures durant en plein soleil, par exemple), peut produire des dérivés énoliques toxiques pour le cerveau. Le stockage doit donc se faire à froid, ce qui n’a probablement pas toujours été le cas pour les soldats envoyés en Irak, par exemple.Autre problème posé par le soda édulcoré : on a tendance à penser que c’est une boisson que l’on peut boire en quantité. Or, le cerveau est divisé en trois niveaux. Le premier, le niveau cognitif, est celui de la décision. C’est lui qui s’active quand l’on décide de s’accorder une boisson de la sorte, par exemple. Ensuite, il y a le niveau hédonique où l’on retrouve notamment le centre de la récompense. Informé par des capteurs au bout de la langue, il disperse de la dopamine après la consommation du sucre. Et enfin, il y a le niveau le plus archaïque, que l’on retrouve dans le tronc cérébral et dont le rôle est de compter les calories, de façon indifférenciée. C’est lui qui pousse à consommer. Cela étant, il réalise que les deux niveaux supérieurs sont contents après la consommation d’un soda… et qu’il ne reçoit pas de calories. De façon inconsciente, il ira donc les chercher plus tard, au repas suivant. C’est pourquoi boire un soda édulcoré peut pousser à manger davantage à l’occasion du prochain repas.Du reste, le soda édulcoré ne permet pas de se déshabituer du goût du sucre ce qui est aussi un problème puisque le sucre appelle le sucre. Il est très rare, après en avoir ingéré, de ne pas vouloir le faire de nouveau. C’est un enjeu essentiel quand on cherche à gérer un diabète ou une perte de poids par exemple.Troisième point essentiel : le microbiote. De nombreuses publications montrent désormais que la consommation d’une boisson édulcorée est susceptible d’avoir des effets délétères sur la flore intestinale, qui peut s'enflammer. C’est sans doute le facteur le plus négatif de tous ceux que nous avons évoqués, mais c’est aussi le moins bien connu. Pour l’heure nous avons matière à penser que cela résulte du fait que les bactéries de la flore intestinale ne sont pas en mesure d’identifier l’édulcorant, ce qui engendre des vrais modifications de l’écologie du tube digestif.

Ces risques exposés, une question persiste : faut-il définitivement bannir les sodas “lights” de notre alimentation et de celles de nos petites têtes blondes ? Ou au contraire, peut-on s’en accorder de temps à autre (si oui, quelles sont les modalités à respecter ?)

En nutrition, il y a une règle à respecter : ne jamais dire jamais. Dire jamais, c’est la certitude de finir obsédé(e) par l’aliment qu’on espère ne plus consommer… et donc le consommer in fine. Boire un soda light ne constitue pas un problème, dès lors que la consommation demeure exceptionnelle. Il vaut mieux se faire plaisir occasionnellement et, en boite de nuit par exemple, un soda édulcoré représente un moindre danger que l’alcool (on risque moins d’accidents sur le chemin du retour, par exemple).Ceci étant dit, je déconseille vraiment la consommation de soda light pour les enfants. Leurs organismes sont encore en pleine croissance. Or, ainsi que nous l’expliquions précédemment, les édulcorants ne sont pas connus de l’organisme humain. Tant que celui-ci n’a pas eu le temps de gagner en maturité, il reste plus prudent de ne pas encourager la prise de contact entre l’organisme et des additifs inconnus. A choisir, il vaut mieux opter pour un soda original. Leur système se défend mieux contre du sucre pur.
Pour éviter tout risque, par quoi peut-on remplacer les sodas “lights” et, d’une façon générale, les produits contenant de l’aspartame ? Comment gérer la situation avec des enfants potentiellement difficiles ?Si je ne déconseille pas particulièrement les sodas lights pour les adultes, je pense qu’il vaut mieux consommer la boisson originelle, là encore. De toute façon, si les sodas lights permettaient de perdre du poids, cela se saurait. D’aucuns pourraient envisager la consommation de jus de fruit pour remplacer un soda ou un soda diététique. Mais il ne faut pas oublier que ces derniers sont composés de fructose pur, soit un sucre que l’organisme ne peut pas naturellement utiliser. Il doit d’abord être transformé en glucose par le foie, ce qui demande un effort conséquent – c’est d’ailleurs comme cela que l’on produit du foie gras. La question n’est pas si simple qu’il n’y paraît.Il est possible, éventuellement, de prendre un verre d’eau dans lequel on aura injecté du gaz carbonique ou un peu de jus de citron… De même, dans les sirops à l’aspartame, l’édulcorant est très dilué et ne présente pas de danger.

A l’origine, ces sodas ont vu le jour en réponse aux boissons sucrées, elles aussi jugées dangereuses pour la santé. Laquelle de ces deux substances faut-il le plus éviter, selon vous ?


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