S’agissant du diabète, du prédiabète et des autres déséquilibres métaboliques, la recherche médicale oscille actuellement entre deux approches. La première, purement « classique », se préoccupe exclusivement des processus endocrino-métaboliques : apports caloriques, métabolisme de l’insuline, processus enzymatiques et tous les neuromédiateurs impliqués dans l’homéostasie du sucre, c’est-à-dire à la régulation du taux de sucre sanguin. Elle prône un traitement visant à rétablir « chimiquement » ces mécanismes. La seconde approche, holistique et très à la mode, repose sur le comportementalisme, autrement dit sur l’influence du mental sur l’organisme. Si le patient modifie son comportement, il pourra éviter la maladie. L’idée de base : « savoir, c’est pouvoir. »

Nous proposons une troisième approche, symbiotique, qui considère le cerveau, le corps et la flore bactérienne intestinale comme trois « mondes » distincts mais reliés, fonctionnant en association intime et durable. Ces trois « mondes » interagissent, se parlent et parfois se combattent. Ces combats suscitent des déséquilibres qui se traduisent par des maladies.

Le cerveau, omniprésent et omnipotent

Le cerveau, le premier de nos trois « mondes », commande l’ensemble du corps. Il s’agit d’un organe à part, sur le plan physique tout d’abord puisqu’il est protégé par la boîte crânienne et par une membrane isolante (la barrière hémato-méningée) et qu’il possède son propre « milieu » vital, le liquide céphalo-rachidien, sa propre circulation sanguine, ses propres modes de communication électrique et même ses propres capteurs dans la bouche, le nez, les yeux et les oreilles. Ces derniers lui transmettent directement leurs informations sans transiter par le corps physique, que nous appellerons « métabolique ». Il est également renseigné sur l’activité du corps « métabolique » par les nerfs qui, depuis le rachis vertébral, vont innerver le corps tout entier jusqu’en ses plus petits recoins.

Le corps « métabolique », enveloppe sous tutelle

Le corps « métabolique » se trouve donc sous la tutelle du cerveau car même si le premier corps possède ses propres règles de fonctionnement, le second décide de tout ou presque… sauf en cas de mort cérébrale. Alors, la « loi du corps » reprend le dessus, ce qui explique que certains patients en état de mort cérébrale continuent à respirer lorsqu’on les « débranche ». En somme, le cerveau cohabite avec le corps « métabolique » qu’il l’utilise pour assurer sa propre survie. La mort du corps « métabolique », en revanche, entraine immanquablement celle du cerveau et de la flore bactérienne intestinale, notre troisième « monde ».

La flore bactérienne intestinale, hôte indispensable

Les cavités de notre corps en contact avec l’extérieur (bouche, nez, tube digestif, peau, vagin…), l’intestin notamment, hébergent une flore bactérienne qui ne doit cependant sous aucun prétexte pénétrer à l’intérieur du corps « métabolique » ou dans le cerveau. Cette flore bactérienne vit en totale symbiose avec nous… quand tout se passe bien ! Mais que cette symbiose disparaisse et les ennuis déferlent. Et la mort de la flore bactérienne intestinale « tue » immanquablement cerveau et corps métabolique.

Une relation d’interdépendance symbiotique

Il existe donc des règles strictes de cohabitation entre les trois « mondes » ; il ne s’agit pas d’une relation d’égal à égal, mais une relation d’interdépendance continue. Notre santé repose sur l’harmonie entre ces trois acteurs. Dès que celle-ci se brise, l’inflammation, indicateur et dénominateur commun de la dysharmonie, apparaît. Et lorsque ces derniers décident d’être en opposition, c’est le début des ennuis et de la maladie. Mens sana in corpore sano (un esprit sain dans un corps sain), recommandaient les Anciens et cette expression reflète bien le nécessaire équilibre entre nos « mondes » (on ne connaissait pas encore la flore bactérienne).